Peux-tu te présenter ? En quoi consiste ton projet ?
Je suis Vincent, j’ai 37 ans et j’habite à Saint Pierre Quiberon. Je suis ingénieur de formation et après avoir exercé pendant 10 ans dans le secteur des énergies renouvelables, j’ai créé le projet La Green Session. A travers ce projet, notre objectif (avec mon associé Pierre) est de promouvoir une pratique plus éco-responsable dans les sports de glisse (mer et montagne).
Notre activité principale est la création de contenu informatif et inspirant via notre blog et newsletter pour aider les pratiquants à préserver leur terrain de jeu en changeant leurs habitudes de consommation.
La Green Session propose à sa communauté des conseils pour réparer et prolonger la durée de vie du matériel, acheter d’occasion et ainsi donner une seconde vie aux objets ou encore choisir son matériel neuf selon des critères éco-responsables.
En parallèle de notre activité de média, on s’implique également dans des projets qui ont du sens par rapport à notre concept de glisse éco-responsable. On travaille notamment en ce moment sur un projet de poncho de surf upcyclé, Ponchouille. L’objectif est de proposer une alternative éco-responsable aux ponchos de bain fabriqués à des milliers de kilomètres avec des matières premières gourmandes en eau et en pesticides. Ponchouille est fabriqué à Larmor Plage dans un ESAT à partir de serviettes de bain récupérées.
Depuis combien de temps es-tu impliqué dans un projet lié au développement durable ?
J’ai toujours intégré l’écologie dans mon parcours étudiant et professionnel. Préserver l’environnement qui nous permet de vivre relève selon moi du bon sens et je n’envisageais pas de travailler dans un domaine qui ne respecterait pas ces valeurs.
Lorsqu’à 18 ans je me suis retrouvé au salon de l’étudiant, j’ai tout naturellement cherché les formations qui intégraient l’écologie dans leurs cursus. J’ai fini par faire une formation d’ingénieur en génie industriel de l’environnement pour ensuite exercer dans le secteur des énergies renouvelables pendant 10 ans.
Mes convictions n’ont jamais cessé de grandir au fil des années et il y a deux ans j’ai voulu me lancer dans un projet à impact positif pour contribuer, à mon échelle, à réparer le monde.
Pourquoi as-tu décidé de t’impliquer dans ce projet ?
Je m’implique dans le projet La Green Session car au-delà d’un projet professionnel, c’est avant tout un projet de vie. Il me permet d’allier ma passion pour les sports de glisse avec mes convictions environnementales et sociales tout en m’offrant une certaine forme de liberté dans mon organisation.
C’est un projet qui rassemble à la fois mes valeurs et mes passions.
Et puis un projet entrepreneurial c’est la possibilité de se lancer dans un projet qui nous dépasse et qui
peut potentiellement raisonner au-delà de notre cercle proche. C’est le meilleur moyen selon moi d’avoir un maximum d’impact et donc de contribuer à améliorer les choses.
Qu’est-ce que cela a pu t’apporter en termes d’apports positifs ?
Je dirais que se lancer dans un projet comme La Green Session, et plus généralement un projet entrepreneurial, permet de rester vivant. On évite la routine et cela nous maintient en état d’éveil permanent par rapport au monde qui nous entoure. Ça réveille des traits de caractère comme par exemple, la curiosité, la créativité ou encore l’humilité qui peuvent parfois s’éteindre progressivement
lorsque l’on s’installe dans une routine métro, boulot, dodo.
Et puis l’entrepreneuriat c’est également un formidable moyen d’obtenir une certaine forme de liberté professionnelle tout en exerçant une activité qui nous passionne. Chaque journée est différente et on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Quels obstacles as-tu rencontré et comment les as-tu surmontés ? Quelle expérience en retires-tu ?
Il ne faut pas idéaliser non plus, l’entrepreneuriat c’est également beaucoup de doutes, d’incertitudes et de remises en question. C’est un vrai ascenseur émotionnel. La confiance en soi peut être soumise à rude épreuve et certaines périodes de doutes peuvent être difficiles à surmonter.
Le projet La Green Session a beaucoup évolué depuis son lancement en 2018. Avec Pierre on a beaucoup tergiversé pour savoir quelle direction prendre sans compromettre nos valeurs et notre intégrité.
La solution réside, selon moi, dans l’action et dans les rencontres. Lorsque l’on doute et qu’on ne sait pas dans quelle direction aller, il faut multiplier les rencontres, s’inspirer du parcours des autres et ne pas hésiter à se faire conseiller.
L’action permet également de confronter rapidement une idée au terrain et ainsi éviter de perdre beaucoup de temps. On peut parfois passer des semaines à imaginer le projet idéal pour au final se rendre compte que ça n’intéresse personne.
Jean Cocteau a dit « Dans la vie on ne regrette que ce qu’on n’a pas fait ». Je partage assez ce point de vue et c’est pourquoi je conseille de passer à l’action le plus rapidement possible pour tester un projet ou tout simplement une idée.
Si tu as eu besoin de financements pour ton projet, quels sont-ils ?
Nous avons décidé de faire grandir notre projet de façon organique sans injecter beaucoup d’argent au début. Nous ne sommes pas très à l’aise avec le principe de la levée de fonds et c’est pourquoi notre projet grandit doucement mais surement.
Pour le projet du poncho de surf upcyclé, nous avons réalisé un financement participatif. Au-delà de l’argent récolté qui nous a permis de lancer la production, c’était surtout un formidable moyen de sonder l’intérêt du public pour le projet.
Que fais-tu au quotidien pour préserver notre environnement ?
Bien évidemment j’essaie de réaliser un maximum d’éco gestes comme tendre vers une démarche zéro déchet (il y a encore beaucoup de boulot), réduire ma consommation de viande, consommer des produits locaux, bio et de saison ou encore privilégier le train et les autres transports en commun.
Même si c’est important pour se sentir cohérent avec ses valeurs, je n’aime pas trop limiter l’engagement environnemental d’un individu à une liste d’éco-gestes. Culpabiliser le citoyen n’est pas à mon sens une méthode efficace. Nous avons tous nos paradoxes et nous avons besoin d’être unis pour relever le défi climatique qui nécessite de prendre de la hauteur sur nos modes de vie.
Ce que je fais au quotidien qui a, je pense, le plus d’impact pour préserver notre environnement c’est de travailler pour un projet qui prône les mêmes valeurs et dont l’objectif est d’aider d’autres personnes à réduire leur impact environnemental.
Une autre action quotidienne que l’on a parfois tendance à oublier ou sous-estimer est le fait de continuer de s’informer (auprès de sources indépendantes idéalement). Pour passer à l’action il faut d’abord une prise de conscience qui passe souvent par l’information.
Quel est le geste écologique qui te tient le plus à cœur ?
Exercer un métier qui contribue à préserver l’environnement.
Ce n’est clairement pas le geste le plus facile à mettre en place mais c’est certainement le plus efficace. A quoi bon trier ses déchets le soir si toute la journée on travaille pour une entreprise qui pollue et qui détruit le vivant ?
J’ai bien conscience que c’est très compliqué et que tout le monde ne peut pas à court terme changer de travail. Cependant c’est le geste écologique qui me tient le plus à cœur car c’est celui qui permet d’être aligné avec ses convictions personnelles et donc d’être heureux.
Quel serait ton défi écologique à court, moyen et long terme ?
Mon défi écologique est de faire grandir au maximum le projet La Green Session pour sensibiliser le plus de personnes possibles et ainsi avoir le maximum d’impact, bien au-delà de mes actions personnelles du quotidien.
Quel a été le déclic écolo qui a changé tes pratiques ?
Je pense que j’ai beaucoup évolué depuis que je suis sorti du milieu professionnel classique pour me lancer dans le projet La Green Session. Cela m’a permis de lever la tête du guidon, d’accentuer mes recherches sur les sujets environnementaux et par conséquent de développer encore plus ma prise de conscience.
Parallèlement j’ai libéré mon esprit de la pression sociale imposée par le milieu professionnel et c’est à ce moment que j’ai changé mes pratiques plus en profondeur.